La littérature raconte ce que l’histoire officielle dissimule. » Luis Sepúlveda
Juan Belmonte a déposé les armes depuis des années, il vit en Patagonie près de la mer avec sa compagne, Verónica, qui ne s’est pas encore complètement relevée des tortures qu’elle a subies sous la dictature de Pinochet. Mais les services secrets russes qui connaissent ses talents de guérillero et de sniper vont le forcer à leur prêter main forte.
À l’autre bout du monde, un groupe de cosaques nostalgiques a décidé de libérer le descendant du dernier ataman, Miguel Krassnoff. Fils des cosaques russes qui ont participé à la Deuxième Guerre mondiale dans les régiments SS, Krassnoff est devenu général de l’armée de Pinochet, avant d’être emprisonné à Santiago pour sa participation à la répression et à la torture pendant la dictature militaire. Et Belmonte a de bons motifs de haïr “le cosaque”, des motifs très personnels.
Dans ce roman écrit en 2016, nous retrouvons Juan Belmonte, le héros avec un nom de torero célèbre dont j’ai déjà parlé la semaine dernière. 22 ans après « Un nom de torero », cette « fin de l’histoire » mérite amplement son titre tant c’est l’épilogue aux combats menés par Belmonte le guerillero durant le dernier quart du XXème siècle.
Alors, on peut très bien lire ce roman sans connaître le début de l’histoire mais le charme de la quête, les sentiments forts de rédemption, de vengeance, de purification ne seront pas vraiment rendus avec la même force malgré le talent de Sepulveda et certains retours pour expliquer les actes actuels, réponses à des blessures anciennes. Belmonte a vieilli mais d’une quinzaine d’années seulement puisque le roman semble se situer à la fin des années 2000, à l’époque où Poutine contrôle la Russie, tout en n’ayant plus que le statut de premier ministre.
Poutine, oui, le roman souffle encore le grand vent de l’histoire puisqu’on remonte jusqu’à la révolution russe, à la seconde guerre mondiale avec le destin des Cosaques, contre-révolutionnaires en 17 puis alliés des nazis durant le second conflit mondial et enfin exilés en Amérique latine. A la fois traumatisme personnel et d’une nation entière, Sepulveda nous décrit bien sûr les années de plomb de la dictature de Pinochet mais conte encore de multiples épisodes de luttes armées anciennes comme le Nicaragua entre autres.
Mais Sepulveda, dans un roman parfois explosif, sait laisser aussi la place à la poésie, l’amour, l’humanité et c’est bien avec le regret d’un texte certainement trop court qu’on referme ce roman.
Humain.
Wollanup.
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