Les éditions de l’Aube, et l’Aube Noire en particulier, nous offrent l’habitude de nous proposer des écrits doués d’une sensibilité particulière. Cet ouvrage en est une des illustrations. L’Amérique du sud, dans sa partie nordiste du Venezuela, est le siège de ce roman psychologique où les lignes de tension s’incarnent principalement dans le personnage de Philippe Larcoeur, flic dont les missions sont extra-territoriales, qui voit ses plans personnels contrariés par le rapt d’une ressortissante française dans cet état chaos.
« Et tout de suite, le visage de Cécile lui revient en mémoire. Cette fille est vivante, il le sait, il le sent. Il la sent toute proche. Mais où ? »
Philippe Larcœur, policier attaché à l’ambassade de France à Caracas, est appelé sur une affaire d’enlèvement. Une ressortissante française a disparu dans l’une des zones les plus dangereuses d’Amérique latine… Faisant progressivement de cette enquête une affaire personnelle, Larcœur n’hésitera pas à braver le danger dans un pays où la corruption, la mort et la trahison sont monnaie courante. Il finira par tenter le tout pour le tout pour sauver la jeune femme en même temps que son âme, quitte à se mettre à dos tant sa hiérarchie que la pègre locale ! »
Diane Kanbalz travaille pour différents organismes non gouvernementaux. La disparue du Venezuela est son premier roman.
On est typiquement dans un livre sensoriel. Chaque phrase, chaque terme, chaque tournure nous renvoient à l’un de nos cinq sens. Les pages s’égrènent et ceux-ci sont aux abois tout en s’épanouissant dans notre imaginaire. Transporté on l’est, et saisi aussi, en humant, en distinguant les bruits des scènes avec une confondante acuité. On se prendrait même à toucher l’épaule d’un père, d’une mère, d’un frère éploré, en colère, abattu, dévasté, rageur…La ponctuation constituée par les appels téléphoniques cadencés sont tels des épîtres qu’on redoute de recevoir.
La cruauté et les horreurs naturellement arrivent très vite, ainsi que la haine globale du genre humain dans ce pays perdant de sa fraternité, élimant des doctes piliers d’une république équilibrée. La caste des criminels est une force à part entière qui ne sont au fond que des hommes cherchant la voie du suicide. Face à eux, et face à la soustraction de cette jeune innocente, des hommes qui croient en leur mission et s’y réfèrent, s’y tiennent tel un immuable cap. C’est dans ce cercle au rayon diminuant que les chocs seront lestes et mats. Larcoeur et les personnages qui gravitent cherchent un sens à leurs existences, en ayant la difficulté à faire abstraction de leurs entraves personnels, en tentant de tracer un fil rouge afin de s’absoudre de leurs faiblesses et surtout de mener à bien leur objectif professionnel, moral.
Un beau livre, donc, qui impose à nos sens, pour la jubilation, une sensibilité alerte, confondante.
Venezuela noir sous une plume touchante!
Chouchou.
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