El amante de Janis Joplin

Traduction: François Gaudry

“la guitare de Bo Diddley”, “j’ai été Johnny Thunders”, “la jambe gauche de Joe strummer”… il est des bouquins dont le titre attire de suite l’amateur de musique et forcément “ l’amant de Janis Joplin” rejoint ce groupe de romans qui n’ont cure de la pile à lire de votre table de nuit.

“Dans le Triangle d’or de la marijuana, le Sinaloa, le jeune David, un peu attardé et naïf, est capable de tuer un lièvre d’un lancer de pierre. Ce qui en fait, malgré lui, un joueur de baseball convoité. À la fête du village, il danse avec une fille interdite, réservée au fils d’un trafiquant. Bagarre. David tue son agresseur. Son père passe un accord avec le trafiquant et l’éloigne. À Los Angeles, il est dragué par une fille qui l’emmène dans sa chambre, le déniaise puis le met à la porte en lui disant qu’elle s’appelle Janis Joplin. Il en tombe éperdument amoureux, se fait virer de son équipe de baseball pour alcoolisme et renvoyer au Mexique. David n’est pas armé pour faire face aux barons de la drogue du Sinaloa. Tout explose autour de lui, dealers, policiers corrompus, guérilleros au coeur pur, femmes fatales et même une voix intérieure. Sa vie devient une course d’obstacles, une fuite continuelle ponctuée de coups de chance. Il va de catastrophe en catastrophe, de situation dangereuse en menaces de mort. Mais il n’a qu’un seul objectif : retrouver son amour, Janis Joplin.”

Roman publié au Mexique en 2001, ce polar fait son apparition chez nous presque 20 ans plus tard et souffre bien malgré lui de la profusion actuelle de romans, séries et films traitant du sujet. La criminalité du narco-trafic supplante de nos jours la vieille maffia rital, le Sinaloa devenant l’effroyable nid de vipères du XXIème siècle au détriment de la Sicile.

Le roman commence comme une très sympathique farce où un pauvre neuneu fuit la vengeance du cartel. David, une espèce de Forrest Gump pour lui donner quelques lettres de noblesse, vit des aventures en tous points réjouissantes, animées par une plume addictive et par une voix intérieure guidant le héros. Mais le Mexique englué dans la corruption et la criminalité généralisée n’engendre pas longtemps le sourire et après une centaine de pages, on plonge dans le cauchemar des Mexicains. En situant son intrigue à la toute fin fin des années 60 et au début des années 70, Mendoza expose le mal à sa genèse et montre le malheur, la terreur et la tristesse des victimes innocentes du hold up d’une nation facilité par un état et sa police parfois plus cruels que les salopards.

Alors, peut-être pas grand chose de nouveau là-dedans mais Elmer Mendoza sait créer l’empathie, rythme intelligemment son histoire et puis il y a l’inaccessible étoile de David, Janis Joplin…

Clete.