Il existe un autre Afghanistan ; celui où les militaires ont troqué leur place avec la police. Pourtant, la violence, telle un roc, ne daigne pas laisser sa place. Comme une gangrène, elle s’étend jusqu’en Irak, en Syrie et ailleurs, en Europe.

Zwak, Afghan, dix-sept ans et l’air d’en avoir treize, un QI de 160 et la rage au coeur depuis que son père a été une « victime collatérale » des Occidentaux. Devant son ordinateur, il a programmé un jeu d’un genre nouveau. Un jeu pour de vrai, avec la France en ligne de mire. Et là-bas, en Syrie, quelqu’un a entendu son appel… De Kaboul au désert de la mort, des villes syriennes occupées par les fanatiques de l’Etat islamique à la Turquie et la Roumanie, la commissaire de la DGSI, Nicole Laguna, et le qomaandaan Kandar, chef de la Crim de Kaboul, traquent Zwak et ses complices. Contre ceux qui veulent commettre l’indicible, le temps est compté.

Autant ne pas mâcher ses mots. Kaboul Express est un excellent thriller ! Cédric Bannel a rassemblé tous les ingrédients pour titiller petits cœurs fragiles de lecteurs : il y a des rebondissements et du suspense. Une alchimie très bien dosée qui permet de nous imprégner de l’ambiance. Et quelle ambiance !

Les personnages ne sont en rien caricaturaux, ce qui est vraiment plaisant. Zwak, le jeune prodige de 17 ans, engagé par Daech pour commettre un attentat en France, est un personnage complexe qui ne laisse transparaître aucune émotion. Et même, il est décrit comme un génie (ce qu’il est) ayant pour mentor Leonard de Vinci.

On aimera le personnage de Nicole Laguna, malgré le fait qu’elle soit peu mise en avant.

Le qomaandaan Kandar a quelque chose d’extraordinaire – un homme au passé singulier, sniper et bras droit du commandant Massoud. C’est un personnage épris de justice dans un pays où tous les coups sont bons pour parvenir à ses fins. Contrairement aux autres, Oussama Kandar évite autant que possible le recours à la violence.

Il en va sans dire que cette tâche est particulièrement difficile.

Ce qui frappe dans ce roman, c’est le rendu de la violence qui est omniprésente, une telle violence, qui devient presque habituelle, nous choquerait presque. Que ce soient les policiers ou les hommes de Daech, tous ont recours à des méthodes brutales, qui résultent souvent par la mort. La mort est aussi un personnage qui fait partie du quotidien des Afghans, des Syriens et des Irakiens.

L’autre richesse de Kaboul Express est la description de l’efficacité des services secrets français, DGSI. Bien sûr, à notre place de lecteur, on peut se poser la question de ce qui est vrai ou non… Mais on aurait tendance à y croire ! Et il est effrayant de voir que la hiérarchie, le réseau et la stratégie de Daech soient aussi efficaces…

Bison d’Or.