Traduction: Olivier Deparis.
« Le regard du gamin se fixa soudain, comme s’il venait seulement de remarquer sa présence. Son bras pivota dans sa direction, le pistolet se braqua droit sur sa tête. McCoy se figea tandis que le gamin affinait sa visée. Une détonation sèche retentit. Une nuée de moineaux s’envola du toit et la foule paniqua pour de bon. »
Avec Alan Parks, Rivages a sûrement touché le gros lot. Auteur d’un premier roman remarquable, le romancier écossais a l’intention de raconter une histoire criminelle de Glasgow en douze volumes, si j’ai bien lu, et à la fin de ce premier opus particulièrement attractif sur de nombreux points, on ne peut que l’encourager dans sa quête.
« Dans l’un des secteurs les plus passants de Glasgow, devant la gare routière, un garçon d’à peine vingt ans ouvre le feu sur l’inspecteur McCoy et sur une jeune femme, avant de retourner l’arme contre lui. La scène se déroule sous les yeux de Wattie, l’adjoint de McCoy. Qui est ce mystérieux garçon ? Quel est le mobile de son acte ? C’est ce que les deux policiers vont s’efforcer de découvrir, malgré l’opposition de leurs supérieurs. »
L’action se déroule en 1973 et la parenté avec le regretté William McIlvanney qui a si bien écrit sur Glasgow dans l’impeccable série policière Laidlaw, n’est absolument pas usurpée. Peut- être un peu moins peut-être que chez son illustre prédécesseur, Glasgow reste néanmoins un personnage important du roman. Une ville en pleine déliquescence , rongée par la baisse de l’activité économique et par une criminalité bien organisée, ayant quasiment pignon sur rue, arrosant une police corrompue et se lançant dans le trafic d’héroïne tout en en méprisant les victimes de ce poison. Glasgow, la déglinguée…
Mais la grande star, c’est Harry McCoy, un flic abordant la trentaine et jeune inspecteur après de nombreuses années à arpenter le pavé de la ville. Quand on crée un personnage amené à durer, la difficulté provient de la capacité de donner envie au lecteur de retrouver ce personnage, d’arriver à laisser des éléments de l’histoire du personnage en suspens, de parvenir à rendre son héros attractif. Alan Parks n’a pas pu éviter certains clichés qu’on rencontre chez les flics de papier: des zones d’ombre dans l’histoire de McCoy, un adjoint novice, un chef particulièrement irascible, une copine toxico et prostituée, des amitiés sulfureuses, des addictions. Mais d’un autre côté, un flic lisse, quel intérêt… et là, le saupoudrage est tout à fait acceptable. On peut aisément rapprocher McCoy de l’Irlandais Jack Taylor de Ken Bruen pour cette propension à prendre des coups et de toujours avancer mais aussi à faire des mauvais choix avec un raisonnement perturbé par des substances prohibées ingurgitées en masse.
Commencée le premier janvier par une visite en prison, dans une atmosphère blafarde de chutes de neige qui dégueulassent la ville, l’enquête se déroule sur une dizaine de jours. Entamé par une scène forte, le roman ne perdra jamais ce rythme trépidant. McCoy va fouiller toutes les couches de la société glaswegienne: des toxicos, prostituées, barons du crime, SDF, à la haute bourgeoisie en effleurant la noblesse. C’est rude, violent, carré, pas un instant pour souffler. A la manière des enquêtes de Robicheaux de Burke, à un certain moment, quand il s’ intéresse à une famille de nantis, on comprend qu’il a touché aubut mais on devine aussi qu’il aura bien du mal à envoyer les coupables devant un tribunal.
McCoy est obstiné, déterminé, et dans cette atmosphère très sombre saturée de perversité et tapissée de testostérone, le souffle d’humanité qu’il apporte, contribue à garder une certaine confiance en l’homme.
Must have !
Wollanup.
C’est noté! Merci!
De rien !