The Hot Spot
Traduction: Laura Derajinski.
Madox, un peu glandeur, un peu branleur, la trentaine est sur la route. Dans un bled du Texas, on lui propose un emploi de vendeur de bagnoles d’occasion qu’il accepte, sans le sou. Et ce trou du cul du monde va lui occasionner de belles et de très moches surprises très rapidement: une banque très vulnérable, une jeune collègue dont il tombe amoureux au premier regard et l’épouse nymphomane et alcoolique de son patron. La chair est faible… il succombe aux deux tentations tout en élaborant un plan pour dévaliser la banque. Il va réussir son coup, planquer le magot avant de pouvoir filer avec son aimée et bim ! Les ennuis commencent… des flics nettement moins bêtes qu’il ne pensait et puis des casseroles qui arrivent, une vraie batterie de cuisine de chantages bien élaborés et méchamment strangulants que vous découvrirez aussi horrifié que lui.
Alors, résumé de la sorte, on se dit qu’on ne peut pas faire plus cliché et vous avez entièrement raison. On est dans la carte postale d’une certaine Amérique des années 50. Des Marylin très dangereuses, des machos ayant oublié qu’ils ne sont pas des cowboys, des diners et drive-in, des cinémas en plein air, des V8, des bastons et le dieu dollar, objet de toutes les convoitises avant d’être supplanté quelques décennies plus tard par la meth et autres cames dans ce type de romans, qui attend dans ses temples banques.
Mais c’est une carte postale fidèle car le roman a été écrit en 53 par une des grandes plumes de l’âge d’or du roman noir américain. Charles Williams m’a toujours séduit, dans des styles très différents mais toujours avec le même talent depuis la lecture, il y a bien longtemps, de “ Fantasia chez les ploucs” ressorti récemment dans la même collection sous le titre “le bikini de diamants » et de sa suite “Aux urnes les ploucs”, magouilles rurales réjouissantes de l’oncle Sagamore racontées par Billy un neveu faussement naïf. On est ici très loin de ce régal burlesque, c’est beaucoup plus brut, plus dur même si certaines répliques tuent et ont dû inspirer des héritiers comme Elmore Leonard. Le roman offre aussi un éclairage sur les mentalités de l’époque concernant la place des femmes notamment.
La tension, très perceptible d’emblée, monte en un crescendo implacable, sans pitié, et si Madox n’est pas un type très fréquentable, il est néanmoins très affaibli par son état dinguement amoureux et devient presque attachant. Mais, c’est du pur jus, 100% noir et Madox boira le calice jusqu’à la lie pour le grand bonheur de l’amateur qui trouvera ici tout ce qu’il est venu chercher et même beaucoup plus.
Impeccable !
Clete.
Un excellent bouquin et le l’adaptation ciné est très réussie également
Entièrement d’accord avec toi Laurent. Merci d’être passé.