Traduit par Simon Baril
La vie peut-être morne, elle peut-être capiteuse dans ce morceau de Brooklyn et le passé se conjugue au présent…
« Gravesend, une enclave italienne au sud de Brooklyn.
Conway y vit avec son père et, depuis seize ans, il pleure son frère Duncan, renversé par une voiture alors qu’il tentait d’échapper à Ray Boy Calabrese et à sa bande de petites frappes.
Depuis seize ans, Conway attend que Ray Boy sorte de prison afin de lui infliger la seule condamnation valable à ses yeux : la peine de mort.
Mais la vengeance ne prendra pas le tour attendu et, dans ce quartier hanté par la mélancolie et les fantômes, la colère, la frustration et les regrets vont faire leur oeuvre au noir…
Désir, fantasme, désespérance et noirceur sont les maîtres mots de ce roman à la profonde humanité. »
William Boyle est originaire du quartier où il situe son histoire. Se réclamant d’auteurs tels que Larry Brown, Charles Willeford ou Harry Crews il s’est vite imprégné de l’écriture au contact de l’essayiste de la pègre américaine Philip Carlo.
Cette « Little italy » coincée entre Bay Parkway, l’Avenue P, Ocean Parkway et la Belt Parkway possède un accès au littoral. Un retour sur les lieux de son enfance d’une pseudo starlette, ayant tenté l‘aventure dans la ville des Anges, va bouleverser quelque peu un équilibre précaire d’une communauté sclérosée par l’hypocrisie, les faux-semblants, des petites vies étriquées. Les personnages restent habités par les rancœurs et ne savent pas exprimer leurs sentiments. L’impression laissée par le tableau dépeint par l’auteur réside dans des êtres profondément ancrés, lestés par leurs passés. Ils n’entrevoient pas d’avenir ou celui-ci passera par le chaos et la destruction d’utopies vaines.
Sur un rythme « mid-tempo » Boyle nous assène une prose, une écriture qui cerne avec justesse ses protagonistes, esquisse une réalité pieuse parasitée par un environnement poisseux, déprimant.
On accède volontiers à son talent dans l’envergure humaine et psychologique mais on aurait aimer que la cadence se brise, évolue vers une trame moins linéaire, moins « attendue ».
La gravitation de Conway dans son monde clos, son histoire centripète aboutit à une inexorable fuite en avant et met à jour un manque de courage devant des chimères inextinguibles.
Le passé doit rester derrière soi, avec soi, mais derrière soi. Le présent se doit d’être une rampe de lancement pour une vie faite de projets et de constructions pérennes. Boyle aime à nous décrire son anti-thèse !
Noir qui aurait mérité une mélodie plus progressive pour une écriture possédant les atouts du genre.
Chouchou.
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