Traduction: Benoîte Dauvergne.

Déserter sa ville des anges pour la big apple c’est déjà une épreuve mais en plus quand son lieu de villégiature le met au prise avec un crime entraînant sa descendance, là l’amertume, le désarroi enveloppent d’un linceul un banal jardinier.

« Depuis toujours, la fille de Mas Arai, Mari, est Gasa-Gasa – incapable de rester assise, toujours en mouvement.Et Mas, occupé à entretenir des pelouses et faire table rase de son passé de rescapé de Hiroshima, n’a jamais eu beaucoup de temps à lui consacrer.Mari est donc partie à New York et ne parle plus à son père.Un jour, pourtant, elle l’appelle à l’aide. Mas est aussitôt entraîné dans une série de situations surprenantes : il tombe sur un cadavre dans un ancien bassin à carpes.La victime est un millionnaire qui tentait de restaurer le jardin japonais d’une vieille propriété de Brooklyn.Rapidement, Mas repère les indices ignorés par la police, mais son instinct le pousse à se taire. Seulement, l’affaire finit par éclabousser sa famille. Le vieux jardinier passe donc à l’action. »

Des retrouvailles entre un père et sa fille confèrent déjà un point d’achoppement  en préambule du récit. Leurs liens sont distendus et Mas comprend rapidement que la raison de sa venue n’a pas de rapport avec un éventuel tissage réparateur.

L’ouvrage est le second d’une probable série mais la non lecture d’une première acte n’obère pas la plongée dans le second. L’auteur née en 1962 en Californie est d’origine nippone et ses parents ont grandi à Hiroshima. Ce point a une importance, modeste certes, dans des allusions à l’existence des Nisei, les américano-japonais de première ou seconde génération ou lesKibei, japonais nés aux USA mais ayant grandi au Japon et de retour sur le sol à la bannière étoilée.

Face à la placidité, la retenue, la bienséance de la culture nippone, l’enquête menée par notre jardinier revêt des paradoxes face au crime et aux péripéties rencontrées au décours de celle-ci. Son bon sens ainsi que son don d’observation, de déduction le placent dans une dynamique propice à la compréhension des composantes multiples et ramifiées des indices.

On est bien face à une écriture, une ambiance typique du pays du soleil levant. De ce crime et ses motivations, ainsi que ses problématiques satellites, l’auteur nous porte par son style poétique, ses couleurs pastels, sa capacité à édulcorer une situation dans ce qu’elle possède de plus sordide. La lecture reste douce, coule telle un ruisseau entouré d’une végétation chlorophyllée dans un agencement harmonieux de pierres polies  en créant une estampe d’Hokusai.

Roman noir coloré laissant la place à une incontestable douceur.

Crime et botanique !

Chouchou.