“Paris, 1962. Luc Blanchard enquête sur un groupuscule soupçonné d’être un faux nez des services secrets, impliqué dans l’assassinat à Genève, deux ans plus tôt, d’un leader de l’Union des populations du Cameroun. Une piste conduit le jeune journaliste à Yaoundé, mais il met son nez où il ne devrait pas et devient la cible du gouvernement local et de ses conseillers de l’ombre français.
Avec l’aide de son ami Antoine et d’un ancien barbouze, il va tenter de s’extraire de ce bourbier pour faire éclater la vérité.”
“Frakas” commence là où s’est arrêté “Requiem pour une république”, le premier roman du journaliste de Médiapart Thomas Canteloube, plusieurs fois primé et notamment auréolé du très sérieux “prix mystère de la critique” en 2020.
Suite directe de “Requiem”, “Frakas” nous fait retrouver Luc Blanchard, qui n’est plus flic mais désormais journaliste, ainsi qu’un autre personnage du premier roman dont je préfère taire le nom. Le cadre romanesque est parfois assez similaire au premier roman. Blanchard, qui conserve son rôle de Candide, cherche à connaître la vérité sur l’assassinat d’un opposant camerounais. L’Algérie n’est plus le décor et le Cameroun, l’hôte, offre une belle part d’exotisme en ce début d’indépendance en 62 pour la faune d’intrigants officiels et officieux s’employant à piller le pays de ses ressources en magouillant avec les dirigeants qu’ils ont mis au pouvoir. On assiste ici au début de la fameuse Françafrique, relation méchamment néocolonialiste entre la France et ses anciennes colonies.
Comme dans le premier opus, les politiques et leurs conseillers de l’ombre sont mis à l’index. Apparaissent dans la lumière, Pasqua, Deferre, Debré, Mitterrand et dans l’ombre de De Gaulle le monsieur Afrique Jacques Foccart, le SAC, le SDECE, la Main Rouge, les barbouzes, les mercenaires, les mafieux, beaucoup de Corses, la grande muette… L’enquête mènera Blanchard à Douala, Yaoundé et dans les endroits les plus paumés d’un continent abandonné. Mais, on le sait, toute vérité n’est pas bonne à dire, et très vite le journaliste va devenir une cible à abattre.
Si Luc Blanchard n’a pas encore le charisme du commissaire Daquin de Dominique Manotti évoluant avec bonheur dans des romans contant aussi les dessous de la cinquième République, il ne devrait néanmoins pas tarder à faire sa place. Si l’aspect policier s’avère correct, ce sont les dimensions politiques et historiques dénonçant les fautes et crimes de l’État français, les ingérences, les pillages, les magouilles qui donnent son importance et sa force au roman.
Clete.
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