When Trouble Sleeps

Traduction: David Fauquemberg

Au moment où on apprend la mise en confinement de la ville de Lagos, venez découvrir les entrailles cauchemardesques de la capitale nigériane et imaginer le carnage que le Covid 19 va bien pouvoir perpétrer dans cette mégapole du tiers-monde. Suivez Leye Adenle… si vous l’osez.

“À Lagos, paradis des embouteillages, un jet privé s’écrase sur une résidence dans le quartier des vieilles fortunes avec à son bord le principal candidat au poste de gouverneur. Aussitôt, on lui trouve un remplaçant, assuré d’être élu : chief Ojo.

La séduisante Amaka, l’avocate des femmes, se révolte : chief Ojo est son ennemi juré, un salaud fini, avec un goût prononcé pour les très jeunes filles et quelques cadavres dans le placard. Elle a les moyens de le faire tomber. Et assez d’astuce pour jouer avec des filous et, malgré les pièges mortels, retourner contre eux leurs propres stratagèmes.”

“ Feu pour feu” est de le deuxième roman de l’auteur nigérian Leye Adenle à mettre en vedette la ville de Lagos et surtout son héroïne Amaka, jeune avocate qui n’a pas froid aux yeux et menant un combat bien inégal contre une élite au pouvoir qui prend les femmes pour des jouets qu’on peut utiliser  à l’envi et qu’on peut casser quand elles ne nous séduisent plus. S’il s’agit bien ici de la suite du terrible “Lagos lady”, nul besoin de l’avoir lu pour entamer celui-ci.

Signalons quand même que “Lagos lady” provoquait un choc effroyable que j’ai moins ressenti dans cette suite néanmoins très violente et raisonnablement addictive, commencez peut-être donc par le premier qu’on trouve (que vous trouverez dans un futur proche) en librairie. Bon, ceci dit, vous risquez d’être bien ébranlé par la vision offerte de l’univers nigérian par Adenle, toujours aussi performant pour décrire la barbarie, les différentes inégalités: riches pauvres (et cela veut vraiment dire quelque chose d’être pauvre dans cette partie du globe) et hommes femmes.

Dans le premier tome, l’enfer était vécu par un journaliste anglais et on se trouvait comme lui dans la position du candide, soufflé par l’horreur qu’il voyait, qu’il vivait. Ce personnage manque dans cette deuxième partie qui devient une pure affaire nigériane dans une période particulièrement trouble des élections truquées, cela va quasiment de soi, pour le poste de gouverneur de la ville. Tous les coups sont permis et au milieu brille Amaka, très beau personnage. Moins d’effet de surprise sans conteste mais l’effroi, la qualité d’écriture, le rythme infernal, l’exotisme, l’humour très noir sont toujours bien au rendez-vous.

Percutant!

Clete.

PS: Encore une destination à éviter, ne jamais mettre les pieds à Lagos.