« Fariboles » m’est venu sans volonté précise, comme s’il me fallait avant tout faire entendre ce monde de la justice ordinaire qui, au fil des ans, est devenu le mien. On ne trouvera pas dans ce livre l’or des grands procès, des affaires exceptionnelles, des ténors virtuoses de la défense. Après « Le Démon de la Colline aux Loups » et « Ritournelle », je voulais simplement que l’on ne se détourne pas des plaies de la vie ordinaire, qui disent tant ce que nous sommes, et la société dans laquelle nous vivons.
On m’a fait de multiples louanges du roman Le Démon de la Colline aux Loups de Dimitri Rouchon-Borie. Celui-ci avait d’ailleurs été chroniqué chez Nyctalopes. J’ai bien entendu acquis l’ouvrage que je n’ai, malheureusement, toujours pas eu le temps de lire. Je profite donc de la publication de Fariboles chez Le Tripode pour enfin découvrir l’univers de l’auteur.
Fariboles est un assez court recueil dans lequel Dimitri Rouchon-Borie aligne des instants, l’un derrière l’autre et parfois très courts, de la vie judiciaire dont il a souvent été témoin. Ça défile, selon ses dires, à la manière d’une journée d’audience. Ces instants, pour les saisir, il faut être présent dans un tribunal à l’heure où les prévenus font face à la justice pour rendre compte des faits qui leurs sont reprochés. Le moins que l’on puisse dire c’est que les faits ou les prévenus, ou parfois l’improbable mélange des deux, peuvent être assez cocasses.
Le livre débute avec cette phrase qui donne parfaitement le ton de tout ce qui suit : « Je vous jure, dans cette affaire, j’ai rien fait, je suis juste le bouquet mystère. » Si ce que l’auteur nous donne à voir est souvent assez drôle, on garde à l’esprit que s’ il y a certes une part de bêtise chez certains des prévenus, c’est surtout le produit d’une grande misère humaine dont nous sommes les témoins. On a là quantité de facettes de notre société que l’on ignore, par choix ou par méconnaissance, mais qui font bien partie de la réalité qui nous entoure. Ce que l’on ne sait pas précisément, car Dimitri Rouchon-Borie nous le laisse entendre dans sa préface sans nous en donner les détails, c’est qu’elle est ici la part de vérité ou de fiction. Il a bien fait le choix d’associer les deux et absolument rien ne sonne faux. L’auteur maîtrise clairement son sujet.
Fariboles est vivant, Fariboles est humain et Fariboles est parfaitement cadencé. Dimitri Rouchon-Borie nous plonge dans le vif de petites affaires judiciaires peu glorieuses mais évocatrices, celles qui ne font pas la une de la presse mais qui sont légion. Il écrit avec justesse et bon sens. On rit mais on se questionne. On avale les pages trop rapidement mais on se dit que l’on s’y replongerait bien plusieurs fois. Il sait faire et tout le bien que j’ai entendu de l’auteur se vérifie ici. Vous l’avez compris, Fariboles est à lire et même plutôt deux fois qu’une.
Brother Jo
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