Traduction: Céline Leroy.
« Miranda débarque sur les îles Farallon, archipel sauvage au large de San Francisco livré aux caprices des vents et des migrations saisonnières. Sur cette petite planète minérale et inhabitée, elle rejoint une communauté récalcitrante de biologistes en observation, pour une année de résidence de photographe. Sa spécialité : les paysages extrêmes. La voilà servie.
Dans ce décor hyperactif, inamical et souverain, où Miranda n’est jamais qu’une perturbation supplémentaire, se joue alors un huis clos à ciel ouvert où la menace est partout, où l’homme et l’environnement se disputent le titre de pire danger.
Et si personne ici ne l’attend ni ne l’accueille, il faut bien pactiser avec les rares humains déjà sur place, dans la promiscuité imposée de la seule maison de l’île ; six obsessionnels taiseux et appliqués (plus un poulpe domestique), chacun entièrement tendu vers l’objet de ses recherches. »
Challenge à relever avec ce « Farallon Islands » : écrire une petite chronique d’un roman dont on se rend compte très rapidement qu’on s’est complètement fourvoyé en le lisant et que certainement, si on lit les recensions présentes sur le web, on n’a pas vu du tout ce qu’il fallait voir parce qu’on n’était pas la cible. Loin de vouloir qualifier ce roman de bouquin pour gonzesses, quoique, je dois quand même prévenir celles et ceux qui apprécient à peu près les mêmes bouquins que moi qu’ils pourraient être aussi assez dubitatifs une fois la lecture terminée.
Avant tout, « Farallon islands » donne la part belle à de nombreux chapitres de nature writing parlant de la faune maritime vivant sur et aux abords de ces cailloux hostiles plantés dans le Pacifique à une quarantaine de kilomètres de San Francisco. Que ce soient les requins blancs, les éléphants de mer, les phoques, les baleines à bosse, les macareux, les goélands… tous sont évoqués dans de nombreux passages, chapitres, nous familiarisant avec ces espèces qui passionnent une Abby Geni qui a déjà écrit un recueil de nouvelles inédit en France « the last animal » qui leur était consacré.
Ensuite, le roman s’intéresse beaucoup aux rapports entre les humains présents dans ce « laboratoire » précaire, isolé, où sont entassés six biologistes uniquement concentrés sur leur objet d’étude, créant un huis –clos, par instants dérangeant et à d’autres un peu banal. Progressivement, on en apprend un peu sur leurs habitudes et leur psychologie tout en s’apercevant qu’ils sont très loin des contingences ordinaires et banales de l’humain lambda. Ici, la vie est réglée par le rythme des saisons apportant les objets d’études sur les îles : la saison des requins, la saison des baleines, la saison des phoques et la saison des oiseaux.
Mais, inévitablement, le ver est dans le fruit, le loup est bien dans la bergerie et deux drames, dans la première partie, donneront une dimension criminelle au roman. Mais jamais, on ne tremble réellement, jamais on ne se crispe puisque cette intrigue criminelle, est très délayée dans le roman qui évoque de nombreux thèmes que l’auteur donne souvent l’impression de simplement survoler. On n’est pas dans un thriller et on le comprend dès le prologue qui raconte la fin de l’histoire, le départ de l’île de Miranda, saine et sauve, au bout d’un an passé sur Farallon avec, apparemment, toute sa tête. Le suspense est donc très secondaire surtout quand, rapidement, les évènements deviennent favorables à une Miranda, légitimement terrorisée dans la première partie du roman. Par ailleurs, les différents personnages étant uniquement passionnés par leurs études, ne sont pas vraiment éclairés par un auteur qui se centre beaucoup sur une Miranda pour qui, je le reconnais, je n’ai pas ressenti beaucoup d’empathie malgré le drame vécu.
Parallèlement, le roman évoque beaucoup les rapports entre Miranda et sa mère décédée prématurément. L’histoire est d’ailleurs racontée par les lettres écrites à sa mère morte et fait prendre conscience du poids de l’absence. Alors, tout ceci nous fait un premier roman plutôt bien écrit qui ravira certainement les amateurs de nature writing. Pour les autres qui aiment les histoires proposant un cadre où la nature reprend ses droits en accablant l’homme à la merci des éléments et de la faune tout en proposant une intrigue particulièrement flippante propice à la réflexion, une fois de plus, je ne peux que conseiller cette tuerie qu’est « Aucun homme ni dieu » de William Giraldi.
Décevant.
Wollanup.
Comme j’adore autant le nature writing que Sigur Ros…
Dans ce cas, évidemment.