Chroniques noires et partisanes

EN VRILLE de Deon Meyer / Le seuil policier

Traduction de Georges Lory.

« Traumatisé par le suicide d’un collègue, Benny Griessel replonge dans l’alcool. Sa supérieure hiérarchique le protège en confiant à son adjoint Cupido l’enquête sur le meurtre d’Ernst Richter, créateur d’un site qui fournit en toute discrétion de faux alibis aux conjoints adultères. Richter faisait chanter ses clients. Est-ce là une piste ? L’analyse des relevés d’appels de son portable, l’épluchage des comptes de sa start-up, les interrogatoires de ses employés, les perquisitions ne donnent rien. Les soupçons se portent aussi sur François du Toit, un viticulteur en faillite. Rien de probant. Les Hawks sont dans l’impasse. La solution surgira, contre toute attente, de l’esprit embrumé d’un Griessel au bout du rouleau. »

 
J’ai toujours du mal à croire que mes auteurs favoris se plantent… et j’aime beaucoup Deon Meyer ! Ses romans, très bien construits au niveau de l’intrigue, du suspens, avec des personnages profondément humains (des failles, des défauts… mais sensibles, intelligents) vont bien au-delà du simple polar. Ses enquêtes prennent généralement en compte des faits de société et sont sacrément ancrées dans l’histoire de l’Afrique du sud dont on peut dire qu’elle a été sanglante et mouvementée. Il nous montre justement comment ce pays tente de se sortir du sous-développement et de retrouver la paix malgré les réticences et les grincements de dents de certains. Je lis Deon Meyer depuis longtemps, un nouveau Meyer était une fête mais avec ce livre, j’ai été franchement déçue !

 
L’histoire se tient, Deon Meyer sait toujours raconter une histoire et il nous amène à la résolution de l’enquête en bonne et due forme ! Un polar tout à fait correct mais pas époustouflant et lent.

 
Deon Meyer a perdu de sa profondeur, de son acuité, ses personnages sont plats (pourtant bon sang ! Benny se remet à boire !). Deon Meyer est dans l’action mais plus dans la psychologie, on ne les comprend plus… Il fait converger deux histoires, l’enquête et la vie d’un viticulteur sud-africain, il sait le faire, c’est intelligemment construit mais au lieu de renforcer le suspens, ce procédé l’atténue, on se perd, enfin je me suis perdue en route, l’intérêt parti en vrille…

 
J’ai ressenti un peu la même chose à la lecture des derniers Lehane ou Winslow… Et alors ? Est-ce un hasard ? Ces trois-là ont travaillé pour le cinéma. Comme si leur univers s’était formaté et tout ce qui faisait leur originalité, leur force, leur voix propre disparaissait. Meyer s’en est-il rendu compte ? Il fait faire la distribution du film par un de ses personnages, clin d’oeil ou promo ? Ce bouquin ressemble à un scénario qu’on aurait relooké en roman ou à un roman écrit à la manière d’un scénario sans réelle dimension sociologique, politique, psychologique…
En vrille…
Grosse déception
Raccoon

4 Comments

  1. JC

    merci Racoon, j’avais peur de m’être planté… on est donc bien d’accord sur celui-là
    petit point de désaccord par contre sur Winslow dont j’ai beaucoup aimé le dernier « Missing: New-York », et dont je pense qu’il a toujours eu un style très proche du cinéma avec les « Savages », « Les patrouilles de l’aube »… D’ailleurs je crois me rappeler que dans certains, il y avait des pages écrites sous forme de scénarios. Bon bien sûr, le febuleux « La griffe du chien » est hors norme.
    Mais pour en revenir à Meyer on est bien d’accord sur la grosse déception

    tchusss

    • clete

      Salut JC,

      Raccoon te répondra mieux que moi au sujet de Meyer mais j’approuve totalement ce qu’elle a écrit sur Winslow que je suis depuis le début.Depuis « la griffe du chien » entre ses histoires de surfers et Savages avec ses gentils blancs bienfaiteurs de l’humanité avec leur weed qui se battent contre des méchants trafiquants Mexicains et ce « Missing New York » où un type recherche une nana qu’il ne connaît pas pendant un an sans qu’on nous explique un minimum ses motivations…Winslow écrit des séries B honnêtes mais qui n’ont rien à voir avec ce qu’il était capable d’écrire avec la série des Neil Carrey. Acceptant par ailleurs qu’ Oliver Stone et ses gros sabots change la fin de « Savages »,il est franchement complice et si j’attends avec impatience la sortie de « the cartel » suite de « la griffe »,je dois dire que je suis un peu inquiet et que j’ai un peur qu’on ait droit à nouveau à un roman formaté pour le grand écran.

      • JC

        Finalement, le plus gros problème pour Don Winslow, c’est qu’il ait écrit un livre comme « la griffe du chien ». Parce que même la très bonne série des Neil Carrey n’est pas du niveau. Je pense qu’il a toujours écrit des trucs sympas, très sympas même, (avec quelques petits écarts que tu soulignes, je suis d’accord), mais un livre comme »La griffe » est difficilement renouvelable. N’empêche que, pour ma part, je prends toujours plaisir à lire Winslow alors que Meyer, devient vraiment moins bon (malheureusement car c’est un auteur que j’aimais beaucoup). Mais c’est toujours très subjectif tout ça…

        • clete

          Mes propos sont subjectifs, bien sûr, à la mesure de ma déception comme de la vôtre à Raccoon et toi concernant Deon Meyer.

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