“Qui était Chrystal ? Quels étaient les secrets de cette jeune femme ravissante, titulaire d’un master en neurosciences et qui aurait dû faire une chercheuse comblée ? Tour à tour, ceux qui l’ont connue répondent aux questions d’un mystérieux enquêteur. Un ancien amant mais surtout les collègues qui l’ont côtoyée à Medecines, le leader international de l’information médicale, une entreprise recrutant des jeunes gens brillants et surdiplômés ne parvenant pas à trouver leur place sur le marché de l’emploi. Et chacun est confronté à sa propre part de responsabilité dans ce qui s’est passé.”
Il y a eu un drame mais on ne sait pas l’ampleur de la tragédie pas plus qu’on n’en connaît la ou les victimes. Tout est lié au monde du travail que Chrystal et Cendrine découvrent par le biais de l’entreprise Medecines, arrivant bardées de diplômes, voulant réussir une grande carrière mais étant obligées, pour écrire une ligne sur leur CV, d’accepter un job bien en deçà de leurs possibilités, de leurs compétences, de leurs rêves.
Cendrine surtout mais aussi d’autres collègues vont conter la triste histoire de Chrystal. D’autres voix, plus intimes, s’y joindront, racontant qui était Chrystal, Belle dans un monde de bêtes. Ce n’est pas le premier roman traitant de la souffrance au travail, de la tyrannie des petits chefs, de l’inhumanité de certains patrons, du micromanagement épiant les moindres faits et gestes des employés au nom de la rentabilité, se moquant de casser des individus, tellement d’autres attendant de prendre la place, de mettre le pied à l’étrier dans le monde du travail sans lequel, tu n’es rien comme dirait l’autre. Et pour ceux qui craquent, il leur suffit simplement de traverser la rue pour retrouver un emploi, alors?
Réquisitoire contre le monde du travail tout comme “les visages écrasés” de Marin Ledun, il ya quelques années, “Elle, le gibier” est un roman très violent psychologiquement de par l’affect qu’il crée autour de Chrystal, désabusée, condamnée par l’entreprise et finalement isolée, l’entourage se cantonnant dans son quant à soi, tentant de se préserver, se fondant dans un égoïsme lui aussi, finalement très destructeur.
“Elle, le gibier”, une mise en garde majeure pour tous les jeunes qui entrent dans la carrière et un révélateur de la souffrance que peuvent connaître beaucoup, dès le matin, en se levant pour retourner en enfer.
« Ce que je veux dire, c’est que Chrystal avait une forte personnalité. Une personnalité qu’on ne brise pas comme ça.Il a fallu du temps, il a fallu l’avoir à l’usure, à la chignole, forer là où ça fait mal, dans l’amour-propre, longtemps et profondément.Il a fallu être persévérant et cruel, il a fallu lui faire mettre un genou à terre, puis l’autre, il a fallu frapper au plexus pour couper sa respiration, remplir sa bouche de terre, couper ses ongles et quand elle a été trop faible pour se défendre, trop épuisée, trop dégoûtée, lui infliger le coup de grâce. Mais ils n’ avaient pas imaginé ça… »
Wollanup.
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