« Quelque part au Grand Nord, dans un paysage de glace et de neige, une bourgade survit autour de l’activité du Terminus : hôtel, bar et bordel. Nul ne sait à qui appartiennent les lieux, mais ici se réfugie la lie de l’humanité et ici s’épanouissent les plus bas instincts. Dans ce milieu hostile, Nats fait son boulot avec application, jusqu’au jour où débarque un homme au visage familier, et avec lui, une flopée de mauvais souvenirs. Dès lors, tandis que la neige efface le moindre relief du paysage. Tandis que la beauté de Sarah chamboule son quotidien. Tandis que le vieux Tom lui raconte le temps où les loups tenaient les chiens à distance. L’esprit de vengeance tenaille Nats, impérieux, dévorant. »
« DEDANS CE SONT DES LOUPS », c’est avant tout un premier roman, le premier roman de Stéphane Jolibert qui a visiblement reçu un don pour l’écriture à la naissance.
« DEDANS CE SONT DES LOUPS », c’est aussi un titre à plusieurs interprétations. Des loups comme la lie de la société qui fréquente cet endroit malfaisant qu’est le Terminus, dernier havre de « civilisation » avant le règne de la nature, quelques hectomètres plus vers le Nord. Des loups aussi comme l’animal noble par opposition au chien, la meute qui protège des agressions, le clan qui encadre, défend, une communion sauvage pour combattre l’adversité créée par la nature ou par les hommes.
« DEDANS CE SONT DES LOUPS » est un roman français et qui n’aura donc pas le même écho que des romans ricains du même genre qui nous arrivent par wagons actuellement et qu’on veut nous faire passer pour des chefs d’œuvre, qu’ils sont parfois mais qui dans leur grande majorité sont des séries B, efficaces, qui nous offrent, ma foi, exactement le contenu de violence, de drogue, de destins brisés que nous recherchons au milieu d’ horreurs souvent très raffinées mais qui ne sont bien souvent que des séries B vite lues et appréciées mais aussi bien souvent vite oubliées. Je ne citerai pas le nom, bien sûr, mais je serais bien incapable de résumer l’un d’entre eux, lu, il y a quelques semaines.
« DEDANS CE SONT DES LOUPS » est un roman français qui est un bel hommage à la littérature américaine avec un thème chéri des auteurs d’outre-Atlantique, la vengeance qui guide l’histoire, une vengeance qui se matérialisera, on le sait très vite, par un affrontement final comme dans le western qu’est vraiment ce roman avec le Terminus dans le rôle du saloon.
« DEDANS CE SONT DES LOUPS », c’est aussi une galerie de personnages inoubliables qu’ils soient bons ou de vraies saloperies ou tout simplement très ambigus dans leur comportement comme dans leurs pensées. Je ne veux pas vous gâcher le plaisir que vous aurez à les découvrir dans des pages où la psychologie des êtres est finement montrée, offerte, après à chacun de se faire un avis. Ne ratez néanmoins pas Twigs la levrette, personnage grotesque, abruti, exécuteur des basses œuvres du Terminus, à la sexualité très particulière et que l’addiction à l’alcool rend bien souvent plus con qu’il n’est déjà et qui procure de nombreux sourires délivrant de brefs moments de détente dans un roman qui vous prend bien la tête et parfois aussi les tripes et ceci dès le départ. Un univers de petites frappes minables qui sont venues se planquer là pour fuir la justice pour des crimes commis de l’autre côté de la frontière, des actes minables, ratés qui les obligent à vivre la dure existence de bûcherons et à martyriser les femmes pour se persuader qu’ils existent encore et pas grave s’ils n’inspirent que le dégoût, ils existent quand ils cognent sur plus faibles qu’eux.
« DEDANS CE SONT DES LOUPS », c’est aussi le grand Nord comme un des derniers cadres où la nature prend encore le dessus sur la civilisation où l’homme redevient un animal comme les autres à la merci des éléments déchaînés. Le roman pourrait se passer au nord de la Scandinavie, plus vraisemblablement au nord du continent américain mais cela n’a aucune importance car c’est juste le cadre glacial, isolé, un no man’s land bestial et infernal qui importe vraiment.
« DEDANS CE SONT DES LOUPS », c’est aussi de magnifiques pages sur la naissance de deux meutes, une chez les loups et une autre à son image chez les humains…
« DEDANS CE SONT DES LOUPS », c’est « l’homme est un loup pour l’homme », c’est bien sûr « entre chiens et loups » , un ravivement de nos terreurs enfantines les plus enfouies mais avant tout un très beau roman.
Wollanup.
Laisser un commentaire