Traduction: Eric Boury
Arnaldur Indridason, le grand maître du polar islandais est de retour et, a priori, pour les fans, c’est une bonne nouvelle. Pour ma part, c’est plus nuancé, enfin, empreint d’inquiétude. Va -t-il enfin nous faire revivre Erlandur qu’il a perdu à la recherche de son frère disparu depuis des décennies dans l’épilogue de « Etranges rivages » ou le faire réapparaître à d’autres périodes plus anciennes de sa vie, comme ce fut le cas ces dernières années dans « les nuits de Reykjavik » ou « le Duel »?
Las, pas de retour de l’attachant enquêteur chafouin mais le début d’ une « Trilogie des Ombres » prenant pour cadre l’Islande pendant la seconde guerre mondiale. Le second volet intitulé « la femme de l’ombre » paraîtra en octobre tandis que la dernière partie sortira en mars 2018. Ce n’est pas la première fois qu’Indridason évoque cette période mais là, il en fait le cadre d’une intrigue policière montrant l’entrée d’un pays pauvre et rural dans le grand concert mondial avec cette confrontation entre les Islandais et une jeune population britannique et américaine de soldats utilisant l’île comme base arrière lors du conflit mondial avec toutes les secousses et tracas inhérents à la confrontation entre deux sociétés ne vivant pas tout à fait de la même manière et n’ayant pas le même train de vie ni les mêmes intérêts.
« Un représentant de commerce est retrouvé dans un petit appartement de Reykjavik, tué d’une balle de Colt et le front marqué d’un “SS” en lettres de sang. Rapidement les soupçons portent sur les soldats étrangers qui grouillent dans la ville en cet été 1941.Deux jeunes gens sont chargés des inv estigations: Flovent, le seul enquêteur de la police criminelle s’Islande, ex-stagiaire à Scotland Yard, et Thorson, l’Islandais né au Canada, désigné comme enquêteur par le milataires parce qu’il est bilingue. »
Nous sommes donc dans un roman « hors » Erlendur. Une fois la petite déception consommée, on ne peut nier les qualités de ce roman pour les fans comme pour ceux qui voudraient découvrir l’ auteur. Loin des aventures à la Tintin et Milou du « livre du roi », sans le coup de théâtre qui tue de « Betty »et assez éloigné des multiples péripéties d’« Opération Napoléon » où avec le recul, on peut dire que ce n’est pas là qu’il est le meilleur, « dans l’ombre » offre un roman qui plaira, sans conteste, aux amateurs des investigations d’Erlendur Sveinsson.
En quelques mots comme en mille, Indridason a réussi à créer une enquête lente, pointilleuse, menée par une investigation prenant son temps pour observer aussi les transformations rapides, précipitées de la société islandaise par cet état d’occupation nommé là bas à l’époque « la Situation ».Bref, un roman aussi passionnant dans son intrigue que dans sa description de l’Islande à ce moment-là. Il est certain que le fan de l’auteur attend depuis toujours des romans de la trempe de « la voix » ou de « la femme en vert » mais reste que « dans l’ombre » est celui qui s’approche le plus des sommets d’autrefois car avec l’art qui est le sien, Indridason arrive à créer multiples fausses pistes crédibles rendant le bouquin indispensable une fois la lecture commencée. Signalons aussi que le roman se termine par la résolution de l’enquête et que le lecteur n’aura pas à attendre plusieurs mois pour en connaître l’issue. Gageons que nous connaîtrons mieux les zones d’ombre des deux héros, évoquées ici avec parcimonie, dans les deux prochains volumes.
Très réussi.
Wollanup.
PS: Rendez-nous Erlendur!
Permets-moi de ne pas être d’accord.
Ne me rendez pas Erlendur !
Mon dernier Indridason fut justement ces « Etranges Rivages » qui m’a tant emballé… Alors j’ai fais mon deuil de l’inspecteur. J’ai ses plus anciens que je n’ai pas encore trouvé le temps de les lire, mais j’ai envie de garder cette dernière image de Erlendur sur ces rivages et cette brume islandaise qui enveloppe ma dernière lecture de « l’attachant enquêteur chafouin »…
Quand à Betty, je me dis qu’il faudra que je le lise aussi. Sa noirceur pourrait me plaire.
Je lis rarement sur la guerre, mais j’avoue que la guerre sur des terres islandaises, ça magnifierait presque l’époque, surtout avec Indridason pour nous embrumer le scénario…
Betty, bof, jusqu’à la claque dans la tronche que tu n’as pas vu venir au milieu du bouquin.
Tu as tout à fait le droit de ne pas être d’accord mais j’aimais bcp ce Erlendur vieillissant et il me manque.
« Dans l’ombre », ce n’est pas vraiment la guerre mais plutôt l’occupation de l’île par des troupes le thème principal avec toutes les fractures que cet état crée dans une population abasourdie par le modernisme,l’Islande de la “Situation” comme a été nommée cette occupation dont parle déjà énormément Indridason dans ces autres romans.On reparle bien sûr du fameux fort Knox dans lequel a d’ailleurs travaillé au début de sa vie d’adulte.
Rendez-moi Erlendur!!!!