SIGNALS

Traduction: Marc Amfreville

Tout absorbés qu’ils sont par leurs affaires de cœur, de foi, d’argent, par leurs marottes diverses et variées, occupés à peser les avantages et les inconvénients de la vie au sein de petites communautés aussi soudées que scrutatrices, les personnages de ces nouvelles tentent d’affronter les déceptions du quotidien. Ce sont des voix discrètes, rarement entendues, des vieilles filles un peu tristes, des ferrailleurs, des artisans, des retraités… souvent détestables, parfois admirables.”

Après trois romans publiés en France, c’est avec un recueil de nouvelles bien fourni, ayant pour titre Ce que nous cache la lumière, que Tim Gautreaux nous revient aux éditions du Seuil. Pour ma part, ce recueil est ma porte d’entrée dans l’oeuvre de Gautreaux. Que ce soit le titre, le visuel ou l’idée d’aller faire un tour dans le Sud des Etats-Unis à la rencontre d’une nouvelle galerie de personnages paumés, usés, en quête de sens, en fin de vie et j’en passe, les arguments ne manquaient pas pour me donner envie. La recette est connue, maintes fois revisitée mais suffit qu’un auteur y apporte sa petite touche personnelle pour qu’elle fasse encore et toujours sens. Malheureusement, le résultat n’est pas celui espéré. 

Dès les premières pages, j’ai pressenti une lecture peu convaincante et pas une seule nouvelle n’est venue contredire cette première impression. Tout est trop ou pas assez. C’est trop scolaire, trop convenu, trop prévisible, pas assez habité, pas assez vivant, pas assez humain. C’est ni chaud, ni froid. Tout est désespérément tiède. Le déroulé de chaque nouvelle est attendu. La plume est lisse, sans aspérité. Le voyage est sans surprise. Les textes de Gautreaux sont ni bons, ni mauvais. Ils sont fatalement quelconques. Sans trop d’exigences, on peut peut-être y trouver son compte. En revanche, si on cherche le petit plus, la petite étincelle, il me paraît difficile de ne pas rester sur sa faim. 

Parmi toutes ces nouvelles, on en trouve une intitulée Le commentaire. L’histoire d’un écrivain amateur, voire même d’un écrivaillon, qui découvre sur Amazon, à propos de son livre, un commentaire peu élogieux laissé par un inconnu. Notre écrivain, perturbé par ce commentaire, décide de découvrir l’identité de son auteur et de partir à sa recherche. Pour conclure mon avis sur Ce que nous cache la lumière, je peux reprendre à mon compte un extrait de ce commentaire que voici : « En résumé, il y a autant d’émotions dans ce bouquin que dans une carte de vœux à un dollar. » C’est un peu dur mais plutôt juste.

Brother Jo.