Huis clos pour un trio dans la densité, la moiteur, la touffeur de la forêt amazonienne guyanaise. L’ambivalence spatiale de l’infini du nord-ouest de l’Amérique du sud et la vie en vase clos surligne les paradoxes, les disparités, les dissonances des trois hères.
« Un jeune garagiste quitte la métropole pour rejoindre en Guyane son ancien patron.Celui-ci, devenu orpailleur, doit changer le moteur d’une monstrueuse pelle Caterpillar 215 qu’il a entrepris de faire convoyer par un ancien légionnaire et un énigmatique Brésilien.La machine est immobilisée loin de la mine sauvage.Luttant contre la jungle à la fois fragile et menaçante les hommes vont alors se battre contre leur propre folie, contre cette nature qui les fait souffrir et qu’ils torturent en vain au pied de la pelleteuse plantée au milieu de la forêt.Énorme quand ils se tiennent à côté, ridicule face à ce qui l’entoure.”
L’appât du gain, l’éternel appât du gain, tel est l’origine banal du récit. Marc replonge, à contre cœur, dans les méandres géographiques et des hommes peuplant ces lieux de perdition.
La tierce formée dans l’étouffement de la profondeur de la jungle Guyanaise déclenche d’instinct et de facto des tensions palpables, imbibées de rancoeurs éthyliques, d’habitus autochtones et de déracinement métropolitain.
Ascension crescendo des acrimonies livrés aux vies, aux histoires et constructions individuelles, la nervosité et le quant à soi des protagonistes se griment de parures proches du kaléidoscope lysergique.
Antonin Varenne conserve cette propension à pousser son lecteur à la fébrilité, la lipothymie consciente pour finalement en extraire un jus exotique, certes aigre mais vivifiant !
Fibrillations de nos sens alertés, dans un rythme leste, hors temps, hors du temps, suffocant, proche de la rupture, de l’apoplexie… La nouvelle permet à nos imaginations de divaguer.
Suintant le fiel, l’amertume sous couvert d’une écriture ciselée pour le genre et riche d’une acuité propre à l’auteur qui démontre, une fois de plus, son habileté, sa spontanéité rhétorique et sa sensibilité. Pur et dur !
Chouchou.
Merci pour cette jolie chronique et le morceau de The Cure, qui m’a rappelé de vieux et bons souvenirs, les enfants ont dansé comme des fous… Merci.
C’est moi qui vous remercie d’éclairer mes nuits, mes voyages, de nourrir mon appétit! `Je vous « suis » depuis vos débuts et apprécie vos cadrage-débor, vos remises en questions…
L’habillage musical me semblait une évidence, certes « facile » mais associé.
Un lecteur fidèle et un chroniqueur satisfait!