Bobby Mars Will Live Forever
Traduction: Olivier Deparis
“Nous sommes toujours à Glasgow en 1973. En ce mois de juillet, Bobby March, héros local qui a réussi dans la musique, est retrouvé mort d’une overdose dans une chambre d’hôtel. Parallèlement, la jeune Alice Kelly, adolescente solitaire, a disparu. Autre disparition inquiétante, celle de la nièce du chef de McCoy qui avait de mauvaises fréquentations. McCoy est chargé d’enquêter.”
Lors de ses débuts, il y a quelques années, le Glaswégien Alan Parks, né à quelques miles de là, a décidé de se lancer dans l’histoire criminelle de sa ville en douze opus comme les mois de l’année. Le projet prend forme puisqu’après Janvier noir et L’enfant de février, deux solides réussites, débarque Bobby Mars Forever qui se déroule toujours en 73, mais en juillet.
Alors, pour les assidus de l’épopée et j’en suis, nul doute que c’est un plaisir de retrouver Harry McCoy, flic évoluant dans le milieu de la pègre et les bas-fonds de la cité écossaise où il a beaucoup d’amis très chers. On retrouve avec une certaine volupté ce cocktail détonant de gangs, came et rock qui était déjà la charpente des précédents ouvrages.
Néanmoins, est-ce de la lassitude devant un personnage qui n’évolue plus vraiment, qui s’assagit côté bibine et weed ou alors un certain ennui devant des situations déjà lues précédemment : histoires de cul sans lendemain, duels à l’arme blanche… Contrairement aux avis lus çà et là, je serai moins enthousiaste devant ce troisième volet pourtant souvent vanté comme meilleur que les précédents, peut-être en écho aveugle d’une citation du Times de la quatrième de couverture
L’intrigue est moins fluide et nettement moins prenante que d’habitude. McCoy court trop de lièvres à la fois avec des histoires qui se ressemblent trop, deux disparitions d’ados n’ayant aucun rapport dans la même histoire, deux cas d’addictions aux drogues dures dont une absolument pas crédible. On suit donc un peu démuni un McCoy dans ses déambulations, dans ses rencontres, en ayant souvent l’obligation de se concentrer pour comprendre sur laquelle des trois histoires en cours, il mène ses investigations.
Par ailleurs, Alan Parks, a voulu y ajouter des éléments de culture rock en contant la triste fin d’un guitariste imaginaire Bobby Mars qui aurait dû devenir une légende et aurait même entrevu une carrière au sein des Rolling Stones. Cette histoire est tellement classique, banalement rabâchée pour ceux qui goûtent un tant soit peu le »Great Rockn’Roll Swindle “ des années 70 qu’elle n’apporte pas grand-chose à la connaissance des maux qui brûlent les ailes et le cerveau des rock stars. Loser pitoyable, ce malheureux Bobby Mars, déjà trentenaire, n’aura même pas la chance de faire partie avec Jim Morrison, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Brian Jones, Kurt Cobain ou Amy Whitehouse du “Forever 27 club” des artistes disparus à l’âge de 27 ans.
Bref, ce roman, s’il reste prenant et solide, n’est pas à tomber non plus, même s’il conservera sans doute un grand pouvoir de séduction pour les nouveaux lecteurs de l’auteur. On a pu lire que Alan Parks marchait dans les pas de William Mcilvanney dont le héros Laidlaw explorait aussi les bas-fonds de Glasgow à la même époque. Souhaitons-lui donc beaucoup de chance et de travail pour arriver à l’atteindre…
Déception… vivement le mois d’avril de McCoy.
Clete.
PS: Signalons une très pertinente couverture signée Raymond Depardon.
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