Faîtes vos jeux, rien ne va plus! Quand la bille tourne autour du plateau mobile, l’anxiété monte en se mêlant à une excitation liée au résultat aléatoire. Il en est de même dans le stratagème imaginé par des bas de plafond dont la motivation de fond reste bien superficielle, guidée par une immaturité pathologique. On entre dans le milieu du football des clochers, dans les existences de supporters acquis à une cause constitutive de celle-ci. Situé chez les cul-terreux, les rednecks, à une encablure de la Belgique, les Ardennes représentent le rond central d’une myriade de déchéances personnelles s’additionnant. De la grisaille, de la bière, pour des derviches tourneurs de la glanditude qui osent l’impensable et l’impensable reste possible pour les privés de conscience.

«Bienvenue dans les Ardennes. Awoise-Gelle est une petite ville ennuyeuse à 6 kilomètres de la frontière belge. C’est là que vit Moïse, qui travaille dans un magasin de jardinage. Il passe son temps libre à supporter l’équipe de foot locale et à boire des bières dans son QG, le bar L’Ardennais. Il y croise tous les jours ses amis, dont Jarne, le Belge recherché par la police, et  le Nîmois, un ex-voyou du Sud, ses deux complices de comptoir. Moïse ne vit que par et pour le foot. Alors, quand son club risque la relégation, il décide d’agir. Et d’enlever l’enfant de l’arbitre qui va officier au prochain match. Mais rien ne se passe comme prévu…

Magguy et Annie forment un couple atypique. Deux femmes qui vivent sous le même toit, cela a le don de faire parler dans ce genre d’endroit. Si l’une est d’une nature plutôt joyeuse, l’autre est taciturne et frise la dépression. Il faut dire qu’elle cache un lourd secret qu’un événement fait douloureusement remonter à la surface. »

Fabrice David maîtrise le ballon rond, lui qui officie depuis vingt ans comme journaliste pour TF1 et en particulier pour « Téléfoot ».

La plongée est en apnée dans cette contrée maussade où l’on fait face à quatre Dalton. Chacune de leurs vies se résume à des centres d’intérêts, enfin je voulais dire plutôt à une « motivation » unique., matérialisée par ce rade point de ralliement, lien social où gravite, il est vrai, des dérivatifs pour certains. Moïse veut ouvrir des portes et surtout fermer la porte de l’infamie en cas de descente, de relégation de son équipe local dont il en est un fervent supporter, un ultra!Il est entouré par un chasseur qui chasse pour chasser un père violent de sa mémoire, d’un Belge dont le passé peu reluisant risque de le rattraper. Et du « Nîmois » ersatz de marlou du Gard mais véritable inspirateur d’un plan sans foi ni loi qui pourrait les mener au seuil du purgatoire.

Quand la déchéance mène à la vacuité, ou vice versa, la route du quotidien est bien morne. Mais au-delà cela mène aux gestes inconséquents, au glissement sans option de se retourner. Les pieds nickelés se focalisent sur l’impensable et jalonnent leur trajet d’esquilles, de douleurs, de choix de voies définitives vers le néant, vers le sordide.

Les ingrédients ont un intérêt, les sujets abordés ont du sens, des provinces et campagnes abandonnées pour qui les seuls opiums se logent dans des hobbies cruciaux, vitaux. La mesure d’actes ne s’étalonne plus, ils se jaugent sur des références superficielles. Mais le roman manque de fluidité et surtout d’émulsion pour engager l’idée de base sensée vers une dimension plus poussée et équilibrée. Quelques lacunes, à mes yeux, dans l’écriture qui ne permettent pas de rentrer corps entier dans le récit.

Match nul balle au centre!

Chouchou