Dans une ville où règnent la langueur et l’ennui, où des immeubles sombres barrent l’horizon, un jeune homme, Dylan, disparaît dans des circonstances propres à susciter toutes les interrogations. S’agit-il d’une fuite, d’une fugue, d’un meurtre ? Pour combler cette absence, le narrateur retrace ce qu’il sait de Dylan, approfondit son mystère, raconte les heures qu’ils ont passées tous les deux à errer au cœur de la nuit et qui ont peu à peu scellé leur amitié. Ces nuits à ne rien se dire, à observer. Jusqu’au jour où les deux jeunes hommes se surprennent à faire un détour dans leur itinéraire…

Les premières fois c’est plein de mystère. C’est réjouissant. Gallimard nous en propose deux d’un coup avec le roman Au moins nous aurons vu la nuit. Ce roman, c’est le premier de l’auteur belge Alexandre Valassidis, jusqu’alors poète publié sous le pseudonyme de Louis Adran. C’est aussi la toute première publication éditée sous ce nouvel label nommé Scribes et dirigé par Clément Ribes. Scribes serait voué à mettre en lumière des voix singulières qui n’hésitent pas à sortir des sentiers battus. Ces deux premières fois s’annonçaient donc prometteuses. 

Tout commence avec la disparition d’un certain Dylan, qu’a fréquenté le narrateur. Une disparition qui se veut mystérieuse et sur laquelle le narrateur émet des hypothèses, voire en défait. Cette disparition est un point de départ pour découvrir Dylan par le prisme du lien qui le lie à notre narrateur. En découvrant petit à petit ce lien ce sont les trajectoires de l’un et de l’autre qui se révèlent à nous. L’évolution de ces trajectoires nous embarque vers ce qui pourrait bien expliquer cette disparition, ou pas. Et puis il y a cette ambiance nocturne et magnétique, immersive, qui capte notre attention jusqu’aux derniers mots. Un récit très court mais prenant.

Dès les premières lignes de Au moins nous aurons vu la nuit, l’écriture d’Alexandre Valassidis fait mouche. Elle est très simple, sans superflu. Les phrases sont courtes, les chapitres aussi. Tout est fluide. Il y a une réelle musique dans l’écriture. Ça respire. Le texte est rythmé de telle façon qu’on peut aisément le lire, jusqu’à sa conclusion, sans interruption. C’est un style d’écriture assez délicat qui donne une dimension poétique au roman, qui le rend également vivant, entraînant. Il a fait le choix de l’épure et de la simplicité. Il maîtrise. Il sait faire. C’est un plaisir à lire.

Au moins nous aurons vu la nuit c’est donc deux premières fois dont les promesses sont tenues. Clément Ribes, via Scribes, nous propose un livre atypique et Alexandre Valassidis s’inscrit d’emblée comme une voix qu’on a envie de suivre. Pari gagné. Un beau roman à l’atmosphère crépusculaire et poétique qui saura séduire les plus curieux. 

Brother Jo.