Traduction : Laetitia Devaux.
Journaliste au Village Voice, critique littéraire, figure féministe, Vivian Gornick est une icône aux Etats-Unis. Elle est surtout connue pour son travail autobiographique. Ce roman « attachement féroce », paru en 1987, lui a valu un grand succès. Il est traduit pour la première fois en France et ce récit, malgré ses trente ans, a gardé toute sa force.
« Une mère, une fille. Elles s’aiment profondément. Se haïssent éperdument. Impossible de vivre ensemble, impossible de se séparer pourtant. De ce lien unique, Vivian Gornick tire un texte bouleversant, qui va bien au-delà du récit intime. Tandis que sa mère et elle arpentent les rues de New York et leurs souvenirs, défilent des personnages, des moments de comédie, des amants, des rêves, des déceptions. Autant de portraits de femmes et de destins inoubliables, recréés par une conteuse à la lucidité tranchante, Vivian, gamine du Bronx devenue écrivain. Attachement féroce est le puissant roman d’une vie. La sienne, la nôtre. »
Dans ce roman autobiographique, Vivian Gornick évoque sa relation avec sa mère : un lien fort, indestructible mais destructeur. Sa mère est une mère juive, communiste, militante qui s’est toujours revendiquée comme une femme libre voulant transmettre ses valeurs à sa fille, une femme forte, sûre de ses choix mais qui a du mal à en accepter d’autres et dont les jugements sont parfois lapidaires et définitifs. A la mort de son mari, elle s’est drapée dans sa douleur laissant peu de place à ses enfants, notamment à sa fille alors adolescente et à son envie de vivre. Elle lui a permis de suivre des études, l’a poussée à le faire tout en se sentant diminuée quand sa fille l’a dépassée. A la fois admirable et étouffante.
La mère et la fille aiment se balader dans New York. Au cours de leurs pérégrinations, au gré des leurs discussions, les souvenirs défilent : ils sont principalement peuplés de femmes, les voisines de cet immeuble du Bronx qui ne travaillent pas, vivent quasiment ensemble et n’ignorent aucun secret. Vivian Gornick dresse leurs portraits avec une acuité parfois drôle, parfois tendre : tous ces destins de femmes souvent frustrées qui nous plongent parfaitement dans l’ambiance de ces années 50.
Les échanges entre la mère et la fille sont hautement explosifs. Dans des propos anodins se glissent parfois un mot, parfois juste une intonation qui ravivent les conflits, blessent cruellement. A ce petit jeu, la mère est experte et la fille se défend bien. Vivian Gornick raconte leurs joutes, la souffrance qu’elles provoquent, sa quête éperdue de reconnaissance et son besoin d’apaisement. Elle nous bouleverse par la sincérité, la puissance avec lesquelles elle raconte cet « attachement féroce ».
Férocement attachant !
Raccoon.
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