Traduction: Olivier Colette.

Longtemps que ce recueil avec sa couverture très réussie ou très clicheton, faut voir, me faisait de l’œil. Sorti en 2013, peu de temps finalement après le phénoménal « le diable tout le temps », il entendait surfer un peu sur cette vague roman noir rural ricain magnifiquement maîtrisée par un Donald Ray Pollock qui se fend ici non pas d’une petite phrase qu’il n’a jamais dite mais d’une préface, oui une vraie. Et d’évidence, il y a bien parenté littéraire entre le Pollock de « le diable tout le temps », «Knockemstiff » et Heathcock et son « Volt », premier écrit de l’auteur de l’Idaho, tous deux héritiers de Sherwood Anderson.

Il y a cette unité de lieu, Knockemstiff dans l’Ohio pour Pollock et Krafton, ville imaginaire rurale ricaine pour Heathcock et dans ces deux communautés se passent de vilaines choses. Les personnages dépeints sont, de la même manière, atteints par des maux qui les font ou les ont fait agir de manière criminelle parfois de façon quasi inconsciente.

Néanmoins, la comparaison doit s’arrêter là car il est évident que les nouvelles de Pollock provoquent beaucoup plus d’émoi, choquent davantage et montrent un coin d’Amérique particulièrement effroyable, bien plus terrible que le sale coin de Krafton.

Néanmoins, les huit nouvelles composant « Volt » sont de haute tenue et tout en nous montrant une Amérique glauque, sans repères moraux autres que le monde ancien du western, Heathcock parvient, par son style et par les histoires, à passionner le lecteur et provoquer une addiction qui restera hélas limitée par un format d’à peine 300 pages.

Il est certain que si vous aimez Pollock, vous serez amenés à comparer, même inconsciemment et certaines nouvelles supportent très bien la comparaison surtout la première, « le train de marchandises » qui devrait serrer la gorge de plus d’un lecteur. On voit très bien ce que pourrait faire d’une telle histoire poignante de grands réalisateurs comme Paul Thomas Anderson ou Jeff Nichols. Le reste du livre propose des nouvelles qui, parfois, terrorisent par les réactions démentes de personnes semblant avoir pourtant toutes leurs facultés et qui raviront, sans conteste, tous les amateurs de ce genre « rural noir » revendiqué par Daniel Woodrell et dont nous abreuvent généreusement, exagérément les éditeurs et où se côtoient grosses daubes opportunistes et romans dignes d’intérêt. Celui-ci, bien sûr, est à ranger dans la deuxième catégorie.

Rural très noir.

Wollanup.