Sorti sous le nom de « Medicine walk » en 2014 au Canada, « les étoiles s’éteignent à l’aube » est le premier roman traduit en français de l’auteur qui vit en Colombie britannique, somptueux et glaçant décor du roman. Richard Wagamese est né en Ontario, d’origine ojibwé comme son héros et on ne peut que féliciter Zoe, maison d’édition suisse pour cette remarquable découverte. Espérons qu’ils traduiront rapidement les autres romans de l’auteur dont les écrits devraient séduire un très large public.

« Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d’alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l’accompagner jusqu’à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S’ensuit un rude voyage à travers l’arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. Eldon raconte à Frank les moments sombres de sa vie aussi bien que les périodes de joie et d’espoir, et lui parle des sacrifices qu’il a concédés au nom de l’amour. Il fait ainsi découvrir à son fils un monde que le garçon n’avait jamais vu, une histoire qu’il n’avait jamais entendue. »

En cette période estivale, si vous avez envie de dépaysement absolu, lisez donc ce roman qui regorge de situations et de paysages qui vous feront voyager très loin de vos vicissitudes ordinaires. Attention ni la nature, ni l’histoire ne seront réconfortantes, préparez-vous à un beau mais douloureux périple.

Roman des grands espaces avant tout, « les étoiles s’éteignent à l’aube » raviva tous les adeptes du nature writing par des descriptions hautes en couleurs et en émotions du nord du Canada. Beaucoup de pages racontent la belle harmonie entre Frank, l’enfant et la nature, la chasse, la pêche … atténuant la sensation de linéarité de certains tableaux. N’est pas Burke qui veut quand même mais de belles pages.

Dans ce sauvage et rude décor, Richard Wagamese a créé un roman sur l’apprentissage par le récit de la vie de l’enfant seul avec un vieil homme, voyant son père une fois par an pour être constamment déçu par celui-ci et grandissant loin de l’affection et de la tendresse réconfortante d’une mère dont on ne saura rien pendant la majeure partie du roman avant de bien tristes révélations du père qui dans un souci de rédemption raconte sa vie à son fils, ses erreurs, ses crimes… sa vie brisée par l’alcool qui l’a bousillé et qui a, de tous temps, brisé les moments qui auraient pu tout changer. Richard Wagamese n’épargne pas le lecteur et le crescendo émotionnel est puissant même si on connait l’issue prévisible de la virée du père et du fils.

Sans atteindre les sommets émotionnels créés par Benjamin Whitmer, la fin du roman est un puissant crève-cœur dévoilant par ailleurs une belle humanité et le lecteur n’est pas prêt d’oublier Frank et le vieil homme.

Emouvant!

Wollanup.