Après trois romans situés en Guyane, Colin Niel quitte l’Amérique du Sud pour le Massif Central. « Obia » publié en 2015 a d’ailleurs obtenu le prix des lecteurs à QDP l’an dernier. Si ce prix ne brille pas par l’originalité de sa sélection, il a néanmoins récompensé des auteurs hautement recommandables de DOA à Malte en passant par Varenne pour n’en citer que quelques-uns. Nul doute que cette auréole a dû finalement peser lourd pour l’auteur au moment où il changeait complètement d’horizon, d’univers.
« Une femme a disparu. Sa voiture est retrouvée au départ d’un sentier de randonnée qui fait l’ascension vers le plateau où survivent quelques fermes habitées par des hommes seuls. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste et que l’hiver impose sa loi, plusieurs personnes se savent pourtant liées à cette disparition. Tour à tour, elles prennent la parole et chacune a son secret, presque aussi précieux que sa propre vie. Et si le chemin qui mène à la vérité manque autant d’oxygène que les hauteurs du ciel qui ici écrase les vivants, c’est que cette histoire a commencé loin, bien loin de cette montagne sauvage où l’on est séparé de tout, sur un autre continent où les désirs d’ici battent la chamade. »
Commencé comme un roman tout à fait banal avec une disparition, « Seules les bêtes » prend de suite un rythme de croisière assez impressionnant qui vous colle à votre fauteuil pour continuer une lecture plutôt addictive. L’expression chorale du roman est très bien orchestrée et dès l’entame avec le témoignage d’Alice, on sent bien que l’auteur recherche la connivence avec le lecteur avec les confidences de cette assistante sociale. Comme dans tous les romans ruraux, se dégage une atmosphère de rumeurs, d’impressions, de ressentiments dus à des haines ou inimitiés anciennes voire totalement archaïques mais persistantes malgré leur caractère bien souvent obsolète entre les familles historiques du coin mais ce n’est pas dans l’univers typiquement campagnard du centre de la France que se résoudra l’enquête.
Chaque nouvelle voix apportera son lot de révélations, de surprises dans une narration parfaitement maîtrisée jusqu’à un coup de théâtre particulièrement réussi et totalement imprévisible.
« Seules les bêtes » reprend forcément les thèmes de la désertification des campagnes, de l’isolement et de la solitude des agriculteurs abandonnés à leur triste sort et souvent aux portes du quart-monde malgré un travail acharné mais il va aussi beaucoup plus loin, montrant une autre facette bien négative de la mondialisation et offrant ainsi le spectacle d’ une exploitation mondialisée où les petites arnaques d’un monde ont de cruelles conséquences dans un autre monde.
Hautement recommandable.
Wollanup.
me fait envie, celui – ci, pour le Massif Central
Le massif Central, oui bien sûr… mais pas que.