Traduction: Hélène Hervieu.

L’entrée dans un ouvrage littéraire scandinave propose de sérieuses garanties. A l’instar de leurs productions destinées au petit écran, telles que les séries Forbrydelsen, Bron, Norskov ou Fortitude, une atmosphère, un climat, un cadre sensoriel s’installent afin d’annexer nos esprits. Ce livre ne déroge pas à ce postulat. Comme bien souvent, dans la création nordique, il n’y parait rien. Souvent rien de clinquant, pas de pyrotechnies qui galvaudent dès l’introduction le bouquet final, mais une tension palpable associée à des personnages forts et crédibles conservant leur profonde humanité.

«Dix-sept ans après son incarcération pour l’enlèvement et le meurtre de la jeune Cecilia Linde, Rudolf Haglund retrouve la liberté… Et son nouvel avocat affirme être en mesure de démontrer que Haglund a été condamné sur la base de preuves falsifiées. William Wisting, à l’époque jeune policier en charge de l’enquête, est devenu une figure exemplaire et respectée, incarnant l’intégrité et les valeurs d’une institution souvent mise à mal dans l’opinion publique. Au cœur d’un scandale médiatique et judiciaire, suspendu de ses fonctions, Wisting décide de reprendre un à un les éléments du dossier. Les policiers auraient-ils succombé au syndrome des « chiens de chasse », suivant la première piste que leur indique leur instinct, au risque d’en négliger d’autres, et s’acharnant à étayer leurs soupçons pour prouver la culpabilité supposée de leur « proie » ? Ou l’enquête aurait-elle été manipulée ? Mais par qui, et dans quel but ? »

L’auteur fut inspecteur jusqu’en 2013 et vit à Stavern, ville balnéaire au sud d’Oslo. Cet ouvrage est le second de la série « William Wisting ».

C’est donc pour la réouverture d’une enquête vieille de 17 années que le tandem père/ fille se créé avec naturel et complémentarité. Le premier nommé, flic de son état et responsable de l’enquête à l’époque, se voit donc épauler par sa descendance, journaliste encline, viscéralement, aux faits divers.

Comme un mantra divin de Thor, le récit se réalise dans une progression constante et la tension suit cette montée. L’écriture nordique identitaire a ce don de vous lover dans une bulle insensible au monde extérieur. Elle transcende, là aussi, sans y paraître. Et comme l’auteur aime ses personnages, il les laisse évoluer dans un cadre permettant le contre-pied téléphoné. Je m’explique: il y a des évidences dans le déroulé, probablement à dessein ou assumées, mais il instille une certaine dose de doute propice au genre. Ces “Chiens de Chasse” impriment la rétine et libèrent notre zone frontale en autonomie.

Comme me répétaient mes aïeux: « tu donnes une phalange et l’on te saisit le bras! » Une vérité de nouveau juste et explicite de la « science » norvégienne, suédoise ou danoise.

Si vous ne voulez pas devenir manchot, n’ouvrez pas ce livre!

Froid noir palpitant!

Chouchou