Traduction : Marina Boraso.
Christian Kiefer enseigne à Sacramento en Californie. « Les animaux » est son deuxième roman et le seul publié en France.
« Niché au fin fond de l’Idaho, au cœur d’une nature sauvage, le refuge de Bill Reed recueille les animaux blessés. Ce dernier y vit parmi les rapaces, les loups, les pumas et même un ours. Connu en ville comme le « sauveur » des bêtes, Bill est un homme à l’existence paisible, qui va bientôt épouser une vétérinaire de la région.
Mais le retour inattendu d’un ami d’enfance fraîchement sorti de prison pourrait ternir sa réputation. Rick est le seul à connaître le sombre passé de Bill, que ce dernier s’est acharné à cacher pendant toutes ces années. Pour préserver son secret et la vie qu’il a bâtie sur un mensonge, Bill est prêt à tout. Au fur et à mesure que la confrontation entre les deux hommes approche, inéluctable, l’épaisse forêt qui entoure le refuge, jadis rassurante, se fait de plus en plus menaçante… »
« C’est la mort que tu es venu donner. Tu as beau tâcher de te persuader du contraire, tu sais au fond de ton cœur que tu ne fais ainsi qu’accumuler les mensonges. Au bout du compte, tu es bien forcé de distinguer la vérité de ce qui se réduit à un mince lambeau d’espoir s’accrochant à toi comme le givre au brin d’herbe. »
Christian Kiefer commence ainsi son roman et ce tu nous transporte directement dans la tête de Bill, à qui parle-t-il, à lui-même, aux animaux ? Bill lui-même ne sait pas… « Cette voix ne lui appartenait pas, ou du moins il ne la reconnaissait pas comme sienne. Après toutes les conversations qu’il avait eues avec Majer, il en était venu à considérer cette voix, la voix de sa propre conscience, comme émanant de l’ours et non de lui-même… » Bill converse avec les animaux, et c’est là qu’il est le plus honnête, car avec ses semblables il cache bien des secrets. L’auteur nous raconte laissant parfois la parole à ce tu insolite.
Christian Kiefer va et vient entre 1984 et 1996 et dévoile ainsi peu à peu la vie de Bill depuis son enfance dans un mobil home dans le désert du Nevada jusqu’à ce refuge du nord de l’Idaho. Une enfance noire et triste, digne d’une chanson country, où après la mort de son père puis de son frère il grandit en s’accrochant à son ami Rick et fait les 400 coups jusqu’à ce que ça tourne mal. Rick a écopé de douze ans de prison, lui a changé de vie, ayant réellement tourné la page de ses errements passés.
Bill est fasciné depuis sa plus tendre enfance par la nature et les animaux, la seule chose qu’il conserve de son ancienne vie est un guide des animaux d’Amérique. Que ce soit dans le désert de son enfance ou dans la forêt glaciale et enneigée du refuge, Bill puise dans la nature son énergie vitale et Christian Kiefer nous offre alors des pages magnifiques qui vont bien au-delà de la description.
Ce n’est pas une réelle histoire de rédemption, Bill n’est pas torturé par des remords, concerné par ce que les autres ont pu vivre, il n’a plus rien à voir avec ce qu’il était, ne veut plus en entendre parler… Sa relation avec les animaux est tellement fusionnelle qu’il réagit presque comme un animal qui défend son territoire et sa meute sans beaucoup d’affects pour ses semblables. Du coup je n’ai pas ressenti non plus beaucoup d’empathie pour ce personnage dans la confrontation inéluctable entre lui et Rick, c’est plutôt Rick avec sa rage et sa colère bien humaines que j’ai compris.
Ça m’a un peu gênée pour apprécier le bouquin, mais c’est vrai qu’il y a peu de héros dans la vraie vie et les côtés sombres des personnages ne sont pas toujours flamboyants.
Un roman noir, un héros sombre.
Raccoon
Ce que tu écris au final m’attirerait plutôt. Les romans américains sont remplis de ces héros au passé trouble en quête de rédemption (qui passe par la violence et la souffrance) aussi ça n’est pas plus mal d’en trouver un qui ne rentre pas dans le moule…
Tu vas être servie! Un vrai antihéros! S’il m’a dérangée il m’a aussi intéressée. Et le livre est vraiment bien écrit.
je suis d’accord, j’ai trouvé que c’est ça qui fait la qualité du livre, Bill n’est pas ce qu’on entend communément par « un type bien « , je n’ai pas ressenti d’empathie non plus, mais c’est intéressant, ça ! Ce que j’ai préféré, c’est la relation avec les animaux, pour moi c’est là qu’est la beauté du livre
En le lisant, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à Rick.. En ce qui concerne la beauté du livre, je suis d’accord avec toi.
Si Richard Ford valide l’écrivain, alors je peux y aller les yeux fermés. Une histoire d’anti-héros, une histoire entre le Nevada et l’Idaho, une histoire sur la Nature, sauvage et sombre comme l’anti-héros, je ne peux qu’être attiré par ce roman sur « les animaux ».
Fonce alors.Par ailleurs tu vas sûrement apprécier d apprendre si tu ne le sais pas déjà que Sepulveda sort la suite de » un nom de torero ».
Un nom de torero, l’un de mes préférés de Sepulveda…
Oui,je suis tombé par hasard sur ta chronique chez Babelio.
Thanks for reading the book, and for finding something to like in Rick. You’re right that he’s really the one looking for redemption, I think. I liked writing him a great deal.
Thank you for writing this novel. Waiting for another one.
Writing another one just as fast as I can! This one’s about the Japanese internment in California in the 1940s and about the repercussions of the U.S. war in Vietnam in the 1960s.
Thank you for these good news. Good stuff! It will be nice to read you once again.